Morts pour la France du Mesnil-Théribus :
TABOUREUR Onésiphor, Léon, Alfred (28/05/1882-27/06/1915)
• Onésiphor est né à Jouy-sous-Thelle, le 28 mai 1882.
• Il est le fils de Léon, Onésiphor TABOUREUR et de Marie, Julienne BLOQUET.
• Au mois de janvier 1903, après avoir reçu le tableau de recensement du Mesnil-Théribus où Onésiphor TABOUREUR figure sous le n° 1122, le préfet de l'Oise fait parvenir à M. Langlois, maire du Mesnil-Théribus, la date et l'heure du tirage au sort qui aura lieu à au chef lieu du canton, en prélude du Conseil de Révision.
• La plupart des jeunes hommes de l'époque pouvait appréhender les trois épreuves du Conseil de Révision : la première épreuve est le tirage au sort qui va déterminer la durée du service militaire, un an ou trois ans, la deuxième épreuve est le passage tout nu devant tout le Conseil de Révision ( que certains conscrits ont décrit comme ''grotesque et indécent'' ) et la troisième est d'être malgré tout déclaré bon pour le service afin que leur virilité ne soit mise en cause, tant les préjugés sont forts.
• Fin janvier, Onésiphor TABOUREUR se rend à Auneuil pour le tirage au sort; c'est la première étape ritualisée du passage à l'âge adulte avant celle du Conseil de Révision.
◦............En présence du sous-préfet et de tous les maires des communes concernées, munis de leur écharpe tricolore, Onésiphor TABOUREUR, tout en écoutant les instructions et les règles à respecter pour le prochain Conseil de Révision ( documents à fournir, hygiène corporelle, et surtout donner une bonne image de sa commune et de son département), espère encore tirer un gros numéro. Il prenant son billet dans l'urne et le déplie : numéro 55, plutôt un petit numéro !
◦...........C'est le Ministère de la Guerre qui fixe annuellement la proportion entre petits et gros numéros. Onésiphor TABOUREUR doit attendre la circulaire ministérielle du mois d'août suivant, pour apprendre par voie d'affichage à la mairie, que le n°55 est dans la première portion de la liste des petits numéro, ou des mauvais numéros. Il fera le maximum, trois ans de service armé.
• Au mois de février 1903, le Conseil de révision classe Onésiphor TABOUREUR « ajourné pour faiblesse ». Il en sera de même en 1904.
• En 1905, pour la même raison, il est compris dans la 6e partie de la liste du recrutement cantonal, ce qui signifie que suivant la loi de 1889, il est ''classé dans les services auxiliaires de l'armée.
• De ce fait, le 1er octobre1906, Onésiphor TABOUREUR est dispensé de ses périodes d'exercices, et passe dans la réserve du 128e RI dont la devise est « Ce que l'on me demande, je le donne et au-delà ».
• Le 17 avril 1907, il est domestique de culture et épouse Zoé, Maria HALOTIER 25 ans, domestique de maison chez Mme veuve Lemaire. Le couple est domicilié au Mesnil Théribus, au 6 rue Saint-Louis (*).
• En 1911, il travaille comme aide jardinier chez Mme veuve Lemaire.
• 1914 … du mois d'août au mois de septembre ….
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◦ Le 3 août 1914, la guerre est lancée par la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France. Le mois d'août voit la retraite des troupes françaises des Ardennes belges vers la Marne. Onésiphor TABOUREUR apprend que son frère Lucien est fait prisonnier à La Villeneuve-lès-Charleville, au Sud de Château-Thierry et d'Épernay, le 6 septembre 1914, et envoyé en captivité à Gardelegen (**).
◦ Le décret du 17 septembre 1914, cherchant à trouver des hommes du service auxiliaire aptes au service armé, Onésiphor TABOUREUR est de nouveau convoqué à passer devant une Commission de Réforme de Beauvais.
• 1914 … mois de novembre …
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◦ Le 4 novembre 1914, la Commission de réforme déclare Oniséphor TABOUREUR bon pour le service armé. Il est affecté avec le matricule au corps n° 011881, au 128e Régiment d'Infanterie (RI) commandé par le Lieutenant-Colonel Chardoillet, 5e Brigade (Bde) commandée par le Colonel Nerel, 3e Division (Div) commandée par le Général Cordonnier, 2e Corps d'Armée (CA) commandé par le Général Gérard, IVe Armée commandé par le Général de Langle de Cary.
◦ Le 21 novembre 1914, il arrive au corps où il reste à ''l'Intérieur dépôt''. À ce moment là, son régiment est sur le front en forêt d'Argonne, dans le secteur de Vienne-le-Château.
• 1915 … mois de mars …
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◦ Au début du mois de mars, le 128e RI est sur le front de Champagne et combat dans le secteur de Mesnil-les-Hurlus et Beauséjour. C'est là que le 12 mars, Onésiphor TABOUREUR arrive à Felcourt en renfort au 3e Bataillon d'Infanterie (Btn), dans la 12e Compagnie d'Infanterie (Cie) (***) commandée par le Capitaine Gaston Leduc.
◦ le 13 mars à potron-minet, il est rejoint par les deux autres Bataillons du 128e RI qui restaient en garnison dans les tranchées de première ligne.
◦ Le 18 mars, après l'arrêt de l'offensive ordonnée par Joffre, Onésiphor TABOUREUR quitte son cantonnement avec le 3e Bataillon, pour venir à Varimont à 15 km au sud de Valmy, où il y reste jusqu'au 22 mars..
◦ Le 23 mars, il vient cantonner à Saint-Mard-sur-le-Mont, 25 km au sud de Valmy, où le 25 mars la 3e Division d'Infanterie, est passée en revue par le Général Joffre, Commandant en chef des armées.
• 1915 … mois d'avril …
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◦ Le 1er avril Onésiphor TABOUREUR quitte son cantonnement de l'Argonne; il est dirigé par voie de terre avec son régiment sur Manheulles, pour s'engager dans la première bataille de la Woëvre, au sud-est de Verdun. Le 128e RI cantonne en répartissant ses trois bataillons sur Éclaires, Gumont et Grigny.
◦ Le 3 avril, le Régiment vient cantonner à Lemmes.
◦ Le dimanche 4 avril, Onésiphor TABOUREUR vient cantonner à Sommedieue, où le 3e Bataillon y reste provisoirement, pendant que les deux autres bataillons se portent à Manheulles en Woëvre.
◦ Dans la nuit du 4 au 5 avril, le 3e Btn reçoit l'ordre de se rendre aux abris du Four-à-Chaux dans le bois de Manheulles .
◦ Face à l'avancée des Allemands vers Paris, les Français lancent des assauts sur la crête des Éparges, dernier rempart pour protéger la route vers la capitale. Cette crête constitue le premier relief sur lequel on bute en arrivant de Metz. La crête domine le village des Éparges dont les habitants ont été déportés en Allemagne dès le mois d'août 1914.
◦ Le 6 avril, le 3e Btn d'Onésiphor TABOUREUR commandé par le Chef de Bataillon Clabault, vient à Manheulles en réserve de la 5e Bde et se met à la disposition de la Division. Ainsi, alors que le 1er Btn est à Riaville et le 2e Btn à la ferme d'Aulnois, le Régiment est en soutien du 72e RI qui lui, est première ligne. L'objectif est l'attaque sur Marchéville.
...............Les combats sont acharnés à Marchéville et le long de la Tranchée de Calonne, une route forestière qui vient de Verdun et passe au pied du village des Éparges. Les réseaux inextricables de fils de fer font échouer l'attaque devant Marchéville. « C'est un réseau de fil de fer de 30 mètres de profondeur et de 1,20 m de hauteur, sur tout le front; en avant de ce réseau, et placées d'une façon discontinue, des toiles d'araignées. Les obus tombés au milieu du réseau n'ont pu faire une brèche. L'ensemble forme un obstacle sérieux qui n'a pu être renversée par l'artillerie; d'autant moins que les fils de fer sont d'un calibre plus fort que les fils de fer employés par les Français ». Le régiment perd 4 officiers et 317 hommes.
◦ Le 8 avril, le 128e RI relève le 72e RI qui a échoué la veille à une attaque des lignes ennemies depuis Riaville. Le 3e Btn Clabault arrive de Manheulles. La relève se fait au prix de quelques pertes, l'ennemi faisant un emploi constant de fusées éclairantes et de projecteurs.
..............Les parapets des tranchées allemandes sont établis avec des madriers et des sacs de ciment. Ils présentent l'aspect de véritables murs crénelés, ils ne paraissent pas avoir beaucoup souffert du bombardement. Des ouvrages solidement établis en avant d'eux sont lourdement armés de mitrailleuses et de canons revolvers et assurent aux Allemands de solides flanquements sur ce front.
.............Les mitrailleuses allemandes (des Maxim MG 08 américaines) modèle MG 08, maschinengewehr, contrairement aux françaises sont refroidies à l'eau et sont capables de tirer 500 coups à la minute jusqu'à 4km. Une balle de 7,92 mm de cette mitrailleuse peut percer un blindage en fonte de 7 mm à 350 m.
............Les mitrailleuses françaises s'enrayent facilement; aussi sont-elles remplacées par la mitrailleuse Hotchkiss tirant 400 à 500 coups à la minute. Elle est particulièrement bien adaptées aux tranchées.
............L'aménagement des tranchées par Onésiphor TABOUREUR et ses camarades du 128e RI, est rendu difficile par l'eau qui envahit toutes les excavations; il faut construire en relief.
◦ Le 9 avril, les deux artilleries s'activent.
............Celle de l'ennemi atteint Riaville, Pintheville et Manheulles, avec des pertes légères.
............L'artillerie française continue d'essayer de détruire les réseaux de fils de fer ennemis. Elle a du mal à faire des brèches dans le réseau de fils de fer allemand qui par endroit s'étend sur 40 m de profondeur.
...........À 19h, le 128e RI effectue la relève jusque minuit, protégé par 150 dragons. Onésiphor TABOUREUR se trouve en première ligne avec le 3e Btn, le reste du Régiment étant en deuxième, troisième ligne et une partie à Manheulles.
◦ Dans la nuit du 10 au 11 avril, le 128e RI est relevé par le 51e RI. Onésiphor TABOUREUR peut enfin se reposer à Sommedieue jusqu'au 16 avril.
◦ La perte aux combats de Marchéville de ces derniers jours est de 55 tués dont le Sous-Lieutenant Cavillon et le Sous-Lieutenant Martin, 246 blessés et 16 disparus.
◦ Le 17 avril à 9h, le 128e RI quitte Sommedieue et monte en ligne sur la crête des Éparges; le 3e Bataillon d'Onésiphor TABOUREUR part relever un bataillon du 106e RI à Mont-sous-les-Côtes.
◦ Le 19 avril à 20h, deux Compagnies du 3e Btn et deux autres du Génie sont affectées à la construction du boyau devant relier le bois des Sapins au village des Éparges. Elles rentrent le lendemain dans leur cantonnement pendant la journée.
◦ Le 21 avril, une attaque allemande provenant du bois Carré, est repoussée à la baïonnette. Les jours suivants toute la ligne est bombardée par l'ennemi.
◦ Le 23 avril à 20h30, Onésiphor TABOUREUR se retrouve aux Éparges où le 3e Btn prend la place du 2e Btn.
◦ Le 25 avril, il n'y a rien à signaler jusque 16h30, moment où le Capitaine Heloit commandant la Compagnie de Mitrailleuses, informe le Colonel Nerel que le 301e RI est enfoncé à sa droite, lui même s'étant porté pour aider le 67e RI anéanti par une attaque allemande qui l'a chassé de ses tranchées situées au carrefour de la route Mouilly → Saint-Rémy avec la Tranchée de Calonne.
...............Les renforts arrivent peu après 18h, avec le 1er et le 3e Btn Clabault.
...............La Compagnie Sandrier, placée en flèche, est alors dans une situation des plus critiques: le jour disparaissant, elle sera tournée. Dépourvu de réseau, le Colonel la rappelle pour couvrir la droite de la ligne qu'il est chargé de défendre; mais elle ne suffit pas pour assurer la liaisons avec les éléments de droite. Cette situation délicate est signalée au Commandement.
...............Le 25e Btn de Chasseurs à Pied est envoyé alors pour assurer la liaison sur l'éperon ouest des Éparges, en arrière de la route les Éparges → Mouilly. Cela ne bouche pas le trou de la ligne. En fin de journée il assure la liaison à droite du secteur avec un Btn du 128e qui tient l'ouvrage de la croupe 353, et à gauche du secteur avec une fraction du 128e RI qui est au village des Éparges où se trouve Onésiphor. TABOUREUR. À 23h30, deux de ses Compagnies sont envoyées dans le Bois Haut pour établir la liaison avec les fractions du 128e RI qui tiennent l'éperon 342.
...............Sur la gauche du secteur, ce n'est pas mieux: le 72e RI a dû céder la veille sur la ligne sud-ouest de la Crête des Éparges. Sous l'infernal bombardement, les infiltrations ennemies se produisent dans la ligne. Le 3e Btn Clabault, est à son tour menacé d'enveloppement. Le Commandant Clabault forme avec la 10e Cie un crochet défensif. Au matin, l'arrivée de deux bataillons du 91e RI permet de rétablir la situation en refoulant les éléments ennemis qui étaient jusqu'alors contenus par la 10e Cie.
◦ Le 26 avril,
.............Au petit matin, un fort bombardement s'abat sur tout le front et en particulier sur les Éparges et le Carrefour Central, situé à l'intersection de la Tranchée de Calonne avec la route de Mouilly → les Éparges. Il faut tenir à tout prix le Carrefour Central: c'est la mission assignée à la 5e Bde.
............Le fléchissement du 301e RI a ramené l'ennemi au carrefour de Calonne où il livre un nouvel assaut. Mais là, à 12h30, les Compagnies du 2e Btn les reçoivent à bout portant sur leur tranchée et font plusieurs dizaines de morts et une cinquantaine de prisonniers.
............Repoussés dans la tranchée, les Allemands essaient un mouvement tournant et un fort effectif se précipite à 19h30 sur la position du Bois Haut. Ils sont stoppés par le 1er Btn Élie avec de nombreuses pertes. Mais les efforts du Colonel Nerel pour assurer la continuité de la ligne restent vain.
◦ Le 27 avril, dans la matinée, la liaison s'établit enfin entre la droite (1er Btn Élie) et les éléments de gauche du secteur de droite ( 25e Btn de Chasseurs à Pied). Mais la liaison n'est pas parfaite. Ce sera fait vers 15h avec l'arrivée de deux Compagnies du 3e Btn ( Budin et Payen). La nuit est occupée à réparer et à creuser des tranchées. Les ouvrages bouleversés par les bombardement sont aussitôt rétablis.
◦ Le 28 avril, le front tout entier est soumis à un bombardement intermittent.
.............De 12h à 18h, le bombardement est violent et continu sur l'éperon 342 où sont installées les mitrailleuses du 128e RI. Des patrouilles ennemies circulent fréquemment en avant des lignes dans le Bois Haut et rejettent vivement tous les éléments qui s'avancent pour recueillir des informations. Une attaque allemande pressentie pour 18h ne se produit finalement pas, prise sans doute sous le feu de l'artillerie du Régiment. Les accrochages sont fréquents.
◦ Le 29 avril, le calme est relatif jusque 15h, où le bombardement ennemi reprend.
.............D'abord lent, sa violence s'est accrue jusqu'à 17h, moment auquel il atteint une intensité invraisemblable. Heureusement les pertes sont minimes, les hommes ayant pris la précaution de creuser des refuges dans les flancs de la montagne, les nuits précédentes.
.............Le lendemain, le bombardement ennemi reprend de 15h à 16h.
◦ Jusqu'au 2 mai, le 128e RI tient le secteur des Éparges. '' Il résiste victorieusement à toutes les contre-attaques de l'ennemi qui veut reprendre la position des Éparges et le ravin de Sonvaux, au sud de cette localité: pertes 10 officiers et 473 hommes.''
• 1915 … mois de mai …
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◦ Le 1er mai, les Allemands se fortifient en avant sur la route de Saint-Rémy et le ravin de Genonsevaux. Les Mitrailleuses de la crête et l'artillerie les dispersent à plusieurs reprises.
◦ Jusqu'au 2 mai, le 128e RI tient le secteur des Éparges. « Il résiste victorieusement à toutes les contre-attaques de l'ennemi qui veut reprendre la position des Éparges et le ravin de Sonvaux, au sud de cette localité. »
◦ Le 2 mai est une journée calme, avec un bombardement intermittent mais non violent. Au soir le 128e RI est relevé par le 174e RI et part en automobiles pour les plus fatigués, pour arriver à 5h à la caserne Marceau à Verdun.
..............Le pertes subies au cours des combats des Éparges du 17 avril au 2 mai sont de 85 tués, 339 blessés, dont le Commandant Mouloise du 2e Btn et 598 disparus .
◦ Le 7 mai, la Médaille Militaire est remise devant tout le Régiment rassemblé sur le terrain de manœuvre, au soldat Maréchal qui comme agent de liaison n'a pas hésité à traverser une zone des plus dangereuses, sous le feu continu de l'ennemi, afin de porter un pli au Colonel Nerel commandant la 5e Brigade.
◦ Le 9 mai, le 128e RI quitte Marceau à 4h du matin pour venir bivouaquer près du Carrefour de Bernatant en passant par la Tranchée de Calonne; il reste aux ordres du Général Commandant le 2e Corps d'Armée.
..............Dans la nuit du 9 au 10 mai, il va relever en première ligne le 174e RI. Le Lieutenant-Colonel du Régiment installe son PC au village des Éparges et a directement sous ses ordres le 3e Btn Clabault. Celui-ci tient la partie ouest de la crête des Éparges ainsi que la lisière du village. Onésiphor TABOUREUR est de retour dans l'enfer des Éparges.
.............Une lutte à la mine commence à l'est de la Tranchée de Calonne et du ravin de Sonvaux, mais n'ébranle pas le 128e RI qui tient toujours les lignes aux Éparges.
◦ Le 12 mai, après le remaniement du sous-secteur des Éparges, Onésiphor TABOUREUR se retrouve dans les tranchées de la deuxième ligne du front avec son bataillon, dans le sous-secteur est des Éparges, et subit des tirs de minenwerfer. Les minenwefer sont des mortiers capables de tirer des projectiles de 500kg sur des portées de 900 à 1300 mètres.
◦ Le 13 mai, le village des Éparges est bombardé. Un obus incendie le PC du commandant de la Compagnie qui s'y trouve.
...............Le front du 128e RI est trop dispersé, il faut vite combler les espaces vides. Le 72e RI vient soulager le 128e RI en venant couvrir le front vers l'ouest d'une centaine de mètres; ce qui réduit d'autant le front tenu par le 128e RI en première ligne. Le Commandant Clabault du 3e Btn réduit les espaces non tenus sur les pentes ouest de la crête des Éparges en faisant approcher du village les trois Compagnies qui sont sur la crête.
◦ Le 14 mai, c'est le 91e RI qui vient soulager le secteur de droite du 128e RI dont le front est trop démesuré vers l'Est.
◦ Le 15 mai, Onésiphor TABOUREUR est porté en première ligne avec son Bataillon.
◦ Le 17 mai, la journée est calme. L'organisation des différentes lignes se poursuit, en particulier l'organisation défensive du village des Éparges qui est poussée très activement. Une deuxième ligne de résistance est établie sur un front est-ouest à hauteur de l'église; de solides barrages sont établis à de chaque côté de l'artère centrale pour canaliser l'ennemi vers la rue principale.
◦ Dans la nuit du 17 au 18 mai, le 128e RI est relevé par le 51e RI sans incident et va se reposer aux abris des ravins de Murauvaux et de la Fontaine Saint-Robert.
◦ Les Pertes du Régiment du 9 au 18 mai sont de 11 tués et 48 blessés.
◦ Dans la nuit du 23 au 24 mai, il retourne sur la crête des Éparges pour relever le 87e RI. Le 3e Btn est en réserve, Onésiphor peut souffler un peu.
◦ Le 24 mai en soirée, un bombardement ennemi balaye les tranchées entre les points C et D des tranchées de la crête des Éparges et entraine le comblement des boyaux de communication. Le secteur est couvert de cadavres qui séjournent sur le sol depuis des semaines. La puanteur est atroce. Les hommes travaillent toute la nuit à remettre en état les lignes détruites par les bombardements.
◦ Le 25 mai, le bombardement reprend à 20h entre les points E et D, détruisant la tranchée de la 1ère Cie. Les Allemands poussent une tête de sape dans la direction du point D, ils sont à 20m en avant du front.
...............À 22h une vingtaine d'Allemands essaient de sortir de la sape. Ils y sont rejetés à coup de pétards.
◦ Le 26 mai à 5h, toute la crête des Éparges est bombardée.
..............À 17h, le front des 7e et 8e Cies du 2e Btn est touché du point C jusqu'à l'ouest du point D.
..............À 23h30, la 1ère Cie réussit par surprise à s'emparer d'un élément de la tranchée ennemie et elle s'y organise aussitôt. De là on découvre fort bien le ravin et le village de Combres aux mains des Allemands.
◦ Le 27 mai,
............... à 6h30, une forte explosion se produit face à la tranchée allemande en avant du point X tenue par la 11e Cie. Elle bouleverse le parapet allemand. Il semble qu'on soit en présence d'un camouflet destiné à détruire les galeries de mines qui sont creusées en dessous du point X. Le camouflet n'a été préjudiciable qu'à l'ennemi.
...............À 9h30, une demi-section de la 4e Cie du 1er Btn s'installe à 30m en avant de la tranchée de la première ligne à l'ouest du point D; il y creuse une tranchée qui est bientôt reliée par deux boyaux.
◦ Le 28 mai,
...............À 1h30, une reconnaissance de la 11e Cie descend dans l'excavation produite par le camouflet de la veille et delà, jette le trouble chez l'ennemi en lançant des bombes et des grenades.
...............La riposte allemande ne se fait attendre entraine le bombardement de la ligne pendant toute l'après-midi. L'élément de tranchée précédemment enlevé est contre-attaqué par les Allemands. Les occupants sont tués ou blessés, et l'ennemi arrive jusqu'au parapet. Mais une section de renfort survient et rétablit la situation.
..............À 9h30 , les Allemands renouvellent l'attaque. Mais le Régiment reste maître de la position
..............Dans la soirée, les points C et D sont violemment bombardé, bouleversant complètement l'élément de tranchée conquis.
..............Dans la nuit, la tranchée est refaite.
◦ Le 29 mai, les Allemands bombardent avec des minewerfer.
..............La violence du bombardement s'accentue vers 18h. Les tranchées entre les points C et D et au point I sont bouleversées.
..............La nuit est plutôt calme. Les tranchées avancées sont étendues, les boyaux remis en état et les travaux d'assainissement poursuivis.
L'organisation d'une ligne de soutien est à peu près terminée.
◦ Le 30 mai, les travaux entrepris se poursuivent malgré le bombardement intermittent.
◦ Le 31 mai, le 128e RI est relevé dans la soirée par le 51e RI. Onésiphor TABOUREUR arrive au Fort du Rozellier pour y faire un grande halte.
◦ Les pertes du 23 mai au 31 mai sont de 58 tués, 149 blessés et un disparu.
• 1915 … mois de juin …
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◦ Le 1er juin, le 128e RI arrive à Belleville où il est au repos jusqu'au 8 juin. Le 6 juin, la Médaille Militaire est remise au soldat Dubois qui s'est distingué au cours de l'enlèvement de la tranchée du 26 mai.
◦ Le 9 juin, le 128e RI quitte Belleville à 2h pour aller occuper les abris de la Fontaine Saint-Robert et de Bernatant où il arrive à 11h.
................Il repart à 19h pour aller relever le 51e RI sur la crête des Éparges.
................La relève commence à 22h sous une pluie battante dans des conditions difficiles: les hommes trébuchent, glissent et tombent dans la boue gluante qui couvre les pentes de la crête.
◦ Le 10 juin, la relève se termine à 2h sans aucun incident majeur. La matinée est calme,
..............À 12h, le front du 1er Btn situé au centre du secteur est bombardé par des obus de gros calibre qui semblent venir de la direction sud-sud-est de la hauteur de Combres. La tranchée est détruite sur 80m environ.
..............À 17h, une mine explose à la tête de la sape française N°4. Un bombardement ennemi de toute la ligne par des obus de 77 et 105 se produit simultanément. Quelques sapeurs ne peuvent être sortis assez tôt de la sape et meurent asphyxiés.
..............De 20 à 21h, un bombardement intense par des obus de 105, tombe sur le ravin de la Mort et par des obus de 77 sur le vallon entre la crête des Éparges et Montgirmont.
.............À 23h, le point C est la cible d'une vive fusillade. L'ennemi lance des bombes pendant toute la nuit.
◦ Le 11 juin, l'ennemi continue de lancer de grosses bombes qui démolissent les tranchées du 1er Btn.
◦ Le 12 juin dans l'après-midi, un bombardement intermittent se produit sur tout le front par des bombes et des obus de tous calibres, détruisant en partie la tranchée vers les points C et D. La nuit est calme.
◦ Le 13 juin, les Allemands continuent de lancer de grosses bombes sur la Compagnie de droite du 3e Btn de gauche, touchant principalement la 12e Cie où se trouve Onésiphor TABOUREUR. Les parapets sont endommagés. Un petit dépôt de munition de la 9e Cie est touché et explose. La nuit est employée comme presque toutes les nuits à remettre en état les tranchées et à l'exécution de nombreux travaux: organisation de la deuxième ligne, élargissement et aménagement de boyaux de communication, comblement des sapes inutilisables et construction d'abris de bombardement.
◦ Le 14 juin, les Allemands lancent de nouveau de grosse bombes. L'Artillerie de la 3e Division répond avec des obus de 58 et des bombes lancés avec des mortiers Cellerier.
.................De 17 à 18h, les batteries allemandes bombardent toute la position, avec des obus de 77, 105 et 110. Les coups semblent venir de Combres, Wadonville à 2km à l'est de Combres et le bois de Warville à 4km à l'est de Combres.
................Avant 19h, les hommes ont été en grande partie retirés de la première ligne car un camouflet français de grande intensité doit être mis à feu.
................Quelques minutes avant 19h, une très forte explosion se produit provenant d'une mine allemande. Les tranchées du Régiment sont bouleversés et de nombreux quartiers de roche ou blocs de terre sont projetés sur la troupe. Les précautions en vue du camouflet français ont fortuitement réduit de beaucoup les pertes en vie humaine. Après un court instant de surprise, le Commandant Clabault du 3e Btn, le Capitaine Lefebvre, le Sous-Lieutenant Mont et le Sergent Voiturier après avoir rejeté la terre qui les recouvrent, et malgré leur contusion, se portent au niveau du parapet et organisent aussitôt la défense. Voiturier et Mont sont sur la tranchée éboulée et fusillent tout ennemi voulant déboucher. Les hommes de troupe suivent l'exemple, prennent rapidement leur poste de combat et par une vive fusillade et le lancement de bombes interdisent aux assaillants allemands de sortir de leur tranchée. La nuit se passe à réorganiser la ligne.
◦ Dans la nuit du 14 au 15 juin, le 51e RI vient relever le 87e RI, et vient se placer à l'ouest du point A, soit à la droite du secteur tenu par le 128e RI.
◦ Le 15 juin dans l'après-midi, un bombardement intermittent ennemi détruit le parapet entre les points C et D.
.....................À la nuit, la 9e Cie ayant envoyé une patrouille pour jeter des bombes et des grenades dans l'excavation produite par la mine de la veille, l'ennemi déclenche une vive fusillade qui dure une vingtaine de minutes.
.....................Parmi les blessés de la journée, Onésiphor TABOUREUR est retrouvé grièvement touché.
◦ Soigné à l'Hôpital n°9 de Verdun, Onésiphor TABOUREUR décède le dimanche 27 juin 1915 à 15h.
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• Il décède de ses blessures aggravées d'une pneumonie traumatique « secondaire », comme le confirme l'acte de décès de Marino CONCHE, ''Verdun, devant nous, Prosper REGNAUD, officier de l'administration publique, maire et officier de l'état civil de Verdun, ont comparu en l’Hôtel de Ville, Charles FABRY , 53 ans, instituteur et Auguste GUÉRIN, 42 ans, employé, tous deux domiciliés à Verdun, lesquels nous ont déclaré que Onésiphor Léon TABOUREUR, est décédé à l'Hôpital temporaire n°9, le 27/06/1915.''
• On accorde à Onésiphor TABOUREUR la mention « Mort pour la France ».
• L'acte de décès est transcrit au Mesnil-Théribus, acte n°4 du 5 février 1916.
• Le 30 avril 1920, sa veuve Zoé TABOUREUR demande et obtient une concession au cimetière du Mesnil-Théribus, n° plan 131(****).
• Amené par train n°3933, le 9 juin 1922, Onésiphor TABOUREUR est inhumé au cimetière du Mesnil-Théribus.
• Par décret du 11 juin 1928, vu la déclaration du conseil de l'ordre de la Légion d'Honneur (…) en conformité des lois, décrets et règlement en vigueur, la médaille militaire a été conférée à titre posthume, à Onésiphor TABOUREUR. La publication en est faite au journal officiel le 15 juin 1928 en page 6591 : '' TABOUREUR (Onésiphor-Léon-Alfred), matricule n°011881, soldat : brave soldat. Blessé grièvement, le 15 juin 1915, aux Éparges (Meuse). Décédé des suites de ses blessures. Croix de guerre avec étoile de bronze.'' Il a donc probablement reçu une citation à l'ordre soit du 128e régiment, soit de la 5e brigade.
• Nota (*) : La famille TABOUREUR habitait toujours au 6 rue Saint-Louis après les années 1950, dont la maison a probablement été construite par l'usine de boutons du Bas-Mesnil.
• Nota (**) Lucien TABOUREUR sera rapatrié le 15 janvier 1919.
• Nota (***) : le N° de la Compagnie d'Infanterie figure sur le registre matricule d'Onésiphor TABOUREUR.
• Nota (****) : la tombe d'Onésiphor TABOUREUR est situé à gauche de la tombe des frères Boulanger (tombe 130) et semble curieusement inoccupée.
fin