PINCHON Louis

Morts pour la France du Mesnil-Théribus :

PINCHON Louis Léon Denis (10/10/1889-31/10/1915)

• Louis PINCHON est né le 10 octobre 1889 à 6 heures et demie du matin à Formerie.
• Son père Louis Victor Edmond est manœuvrier et sa mère Marie Anne Victoire FLAMANT est journalière ; ils résident rue de Dieppe.
• En 1909 Louis PINCHON est tabletier, et domicilié à Fresneaux-Montchevreuil avec ses parents.
• En 1910, avec le numéro 248 sur la liste de recensement, il passe en 85ième position au Conseil de Révision de Méru, ce qui le classe dans la 1ère partie de liste, ''Bon pour le service armé'', avec le degré d'instruction générale 3. Louis PINCHON va faire deux ans de service comme tous ceux nés après 1885.
• Le 3 octobre 1910, il est incorporé comme soldat 2e classe au 128e RI, matricule au corps n°1849 et n° de recrutement 248.
• Le 25 septembre 1912, Louis PINCHON est envoyé en congé en attendant son passage dans la réserve de l'armée active.
• Ke 1er Octobre, il passe dans la réserve active avec son « Certificat de bonne conduite». Il réside alors au Mesnil-Théribus.

• 1914 … mois d'août …
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◦ Le samedi 1er août vers 16h 30, la mobilisation générale est annoncée dans les villages par le garde-champêtre au son du tambour, du clairon ou à défaut de la cloche communale.
◦ Dès le lendemain 2 août, le maire du Mesnil-Théribus affiche l'ordre de mobilisation. Partout les autorités font vibrer la fibre patriotique, comme le maire de Beauvais, Cyprien Desgroux, qui lance à ses administrés un appel de circonstances : « C'est la mobilisation, ce n'est pas encore la guerre. Le maire veut encore espérer que cette calamité pourra être évitée. Nous sommes tous des patriotes et, devant le danger commun, il faut que tous les français s'unissent autour du gouvernement et de la République ».
◦ Le 3 août, Louis PINCHON arrive par le chemin de fer à Abbeville, où il rejoint le 128e Régiment d'Infanterie (RI), au moment où l'Allemagne déclare officiellement la guerre à la France. Dans le train, certains avaient '' leur petite réserve spéciale '', dont la quantité devrait être suffisante, « puisqu'on leur avait dit qu'on leur mettrait la pâtée en trois semaines, aux Allemands ».

◦ À la mobilisation chaque régiment d'active doit créer un Régiment de Réserve formée avec les hommes faisant partie de la réserve de l'armée d'active. Le numéro de ce Régiment de Réservistes est celui du régiment d'active auquel on rajoute 200.
◦ Le 4 août à Abbeville, le 128e RI forme donc le 328e Régiment d'Infanterie de Réserve (RIR), commandé par le Lieutenant-Colonel Lafitte.
◦ Les journées du 5 au 7 août sont employées à la formation des 2262 hommes mobilisés. Le 328e RIR comprend :
▪.................. 41 officiers
▪.................. 111 sous-officiers
▪.................. 2110 hommes de troupe
▪.................. 24 chevaux de selle
▪.................. 82 chevaux de trait
▪.................. 18 chevaux de bât
▪.................. et 8 chevaux de selle des éclaireurs montés.
▪.................. soit 132 chevaux au total.

◦ Le 8 août, Louis PINCHON matricule au corps n°01773, est intégré au 328e Régiment d'Infanterie de Réserve (RIR), à la disposition du 2e Corps d'Armée (CA), commandé par le général Augustin Gérard.
▪.................. Le 2e Corps d'Armée (CA) fait partie de la Ve Armée commandée par le Général Lanrezac.
◦ Le 328e RIR est composé de deux bataillons, le 5e Bataillon (Btn) comprenant les 17e, 18e, 19e et 20e Compagnies (Cie) et le 6e Btn, comprenant les 21e, 22e, 23e et 24e Compagnies (Cie). Louis PINCHON fait partie d'une de ces huit Compagnies d'Infanterie.
◦ Le 328e RIR s'embarque aussitôt à Abbeville, direction la gare régulatrice de Laon, d'où il est dirigé sur Dun-sur-Meuse. Là, il effectue divers mouvements stratégiques dans la région. Il se retrouve en réserve pendant la bataille des Ardennes.

◦ Le 15 août, le Régiment cantonne à Sivry-sur-Meuse, où il assure la garde du Quartier Général du 2e CA à Consenvoye, ainsi que celle du Quartier Général et parc d'aviation à Sivry, à 10km au sud-est de Dun-sur-Meuse.
◦ Jusqu'au 22 août, le 328e RI continue d'assurer la garde des parcs du 2e CA à Louppy-sur-Loison, Vigneul-sous-Montmédy, ainsi que les passages de la Schiers depuis Brouesnes jusqu'à Montmédy.

◦ Le 23 août, le 328e RI reçoit l'ordre de se porter à Thonne-la-Long avec sept Compagnies, la 22e Cie restant à Vigneul-sous-Montmédy pour garder les passages sur la Chiers. Là, le 328e RI et le 272e RI, les deux Régiments de réservistes d'Amiens, organisent des positions de défense, voire de repli.
◦ Après le 24 août, Louis PINCHON participe au mouvement de repli général. Il passe par la Marne, et reçoit le baptême du feu en coopérant avec la 48e Brigade à une attaque menée contre la ferme des Mandres et la ferme des Grandes Perthes ( à 12km au sud-ouest de Vitry-le-Francois).

• 1914-1915 … du mois de septembre 194 au mois de mai 1915 …
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◦ Après la fin de Bataille de la Marne le 11 septembre 1914, Louis PINCHON se retrouve en Argonne où il va creuser des tranchées et affronter vaillamment les attaques ennemies et participer aux contre-attaques. La 17e Cie est envoyée à la garde de la Compagnie d'Aérostiers, dans le secteur de Naviaux.

◦ À partir du 20 octobre, Louis PINCHON combat au Bois de la Gruerie, dans le secteur compris entre le Four-de-Paris et Saint Hubert.
◦ Pendant ce temps au Mesnil-Théribus, le 21 novembre 1914, ''le conseil Municipal décide la suppression pour 2015, de la distribution solennelle des prix aux élèves des écoles communales. Les volumes offerts comme prix seront remplacés par un diplôme et l'économie réalisée sera consacrée si besoin, et par addition, aux crédits ouverts spécialement à cet effet, à des secours aux œuvres de guerre et aux mobilisés de la Commune.''

◦ Au front, Louis PINCHON est nommé caporal le 22 novembre 1914. Pour devenir caporal, il faut savoir lire et écrire et maîtriser un socle de connaissances (le degré d'instruction minimum requis est 3) et il faut avoir servi activement au moins six mois, dans un corps de l'armée. Le caporal, qui n'est pas sous-officier, est le chef d'une escouade de quinze hommes. '' C'est lui qui fait l'appel de son escouade et rapporte à son adjudant de compagnie''. Il peut donner des ordres et punir ceux qui ne respectent pas le règlement dans les limites du code de justice militaire, à savoir deux jours de consigne. Pour le différencier du soldat de 2e classe ou de 1ère classe, il a deux galons rouge en bas de chaque manche de l'uniforme de la troupe qu'il conserve.

◦ Du 19 janvier au 5 février 1915, le 328e RIR va prendre un repos mérité à Charmont, où un bon nettoyage des hommes, du matériel et des armes, n'est pas inutile.
◦ Le 10 et 11 février 1915, entre La Harazée et Saint-Hubert, une violente attaque allemande met en péril la 17e Cie du Lieutenant Lehoux. L'ennemi emploie pour la première fois dans le secteur des bombes asphyxiantes, tout le sol est vert et jaune. Les vieux territoriaux et réservistes du 328e RIR donnent une nouvelle preuve de leur vaillance en repoussant, par des feux de mousqueterie bien ajustés, une attaque en masse dont la violence, ajoutée à l'effet de surprise, devait en garantir la réussite.

◦ Jusqu'à la fin du mois de mai, Louis PINCHON va alterner entre les cantonnements et abris de la Croix Gentin, de Florent, de la Harazée et la zone de combat du Bois de la Gruerie, où les travaux de terrassement ne manquent pas. Au cantonnement, le temps est mis à profit pour faire les premières vaccinations et les rappels dont celui contre la typhoïde.

• 1915 … du mois de juin au mois d'août…
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◦ Après ce séjour éprouvant en Argonne, le 10 juin Louis PINCHON est embarqué à la gare de Sainte-Ménehould pour rejoindre Verdun, afin d'occuper les Hauts-de-Meuse, sur le plateau des Éparges, où se bat déjà le 128e RI. Il cantonne au fort de Belleville, au nord de Verdun.
◦ Le 13 juin le 328e RI (*) est renforcé avec un 3e bataillon qui vient du 99e RI. De ce jour, le Général Gérard commandant le 2e CA, annonce que le 328e RI fait dorénavant partie de la 7e Brigade commandée par le Colonel Blondin dépendant elle-même de la 4e Div du Général Passard.
◦ Dès le 16 juin, Louis PINCHON va rejoindre la fameuse crête des Éparges où il va côtoyer le 51e RI et probablement croiser des Mesnilois. Là, le terrain est bouleversé, soumis à des bombardements continus, il n'y a pas un mètre carré intact. La tranchée de première ligne est remplie de cadavres. Le 328e RI se met de suite au travail pour remettre le secteur en état. Il entreprend jusqu'au 28 juin, une série de durs travaux pour l'organisation défensive de la position.

◦ Le 28 juin, le 328e RI cantonne au fort de Belleville.
◦ Le 1er juillet, au cantonnement de Belleville, le Bataillon de marche du 99e RI devient le 4e Btn commandé par le Capitaine Laroche. Il est composé de quatre Compagnies : la 13e Cie du Sous-Lieutenant (SL) Hecquet, la 14e, la 15e et la 16e Cie du SL Mercier. Afin de renforcer la solidarité entre les hommes de troupe, 40 hommes par Compagnie du 99e RI passent au 328e RI et 20 hommes par Compagnie du 328e RI passent au 99e RI. Louis PINCHON se trouve affecté dorénavant au nouveau 4e Btn.
◦ Le 11 et 12 juillet, le tout nouveau 4e Btn du 328e RI est sur le plateau des Éparges; il attaque en direction des point X et F à l'extrémité Est du plateau. Mais la défense ennemie est acharnée et les nombreuses attaques sur ces deux points échouent, avec des pertes lourdes pour les 13e et 16e Compagnies.
◦ Le 21 juillet, le 328e RI va cantonner au Camp Romain. Puis il retourne au Bois Haut, situé entre le village des Éparges et la Tranchée de Calonne (**).

◦ Du 3 au 9 août, Louis Pinchon cantonne aux abris de la Fontaine Saint-Robert, à Bonzée et aux Trois Jurés. Puis il est de retour au Bois Haut où se succèdent les échanges de bombes et de fusillades.
◦ Le 14 août vers 19h, une escadrille composée de quinze avions français passe au dessus du régiment et se dirige vers le Nord, sans craindre les tirs de 105 allemands.
◦ Le 17 août, le 328e RI est relevé par le 147e RI et revient cantonner au Camp Romain qui est trouvé dans un grand état de saleté; le nettoyage se fait par tombereaux entiers.
◦ Jusqu'au 23 août, 450 travailleurs du Régiment sont détachés par jour, le transport se fait par un chemin de fer à voie étroite jusqu'aux Trois Jurés.
◦ Du 24 au 31 août, de retour au Bois Haut, les travaux continuent mais le fil de fer barbelé manque totalement.

• 1915 … mois de septembre …
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◦ Le 1er septembre, pendant que le 5e Btn est en réserve de sous-secteur du Bois Haut aux Trois Jurés, le 4e Btn est aux abris de la Fontaine de Bonchamp, avec des hommes évacués pour courbature fébrile.
◦ Le 7 septembre vers 11h, cinq bombes d'aéroplanes tombent entre Haudiomont et le château de Murauvaux.
◦ Le 15 septembre, le 328e RI cantonne à Sommedieue où il reçoit un renfort de 129 hommes. Repos et travaux de nettoyage.

◦ Du 16 au 20 septembre, le Régiment fournit des travailleurs pour le Bois Haut. Une matinée récréative est organisée par le Capitaine Hecquet de la 19e Cie, dans le parc de la fabrique de chaises.

◦ Pendant ce temps, au Mesnil-Théribus le Conseil Municipal délibère:
▪.................. « La fête nationale de 1915 a un caractère exclusivement commémoratif et les dépenses effectuées ont été des secours en viande et pain aux familles nécessiteuses. Le reliquat de crédit est consacré, si besoin est, et par addition aux crédits spéciaux ouverts à cet effet, à des secours aux œuvres de guerre et aux mobilisés. »
▪.................le 22 septembre 1915, Conseil Municipal décide de l'envoi de fonds aux mobilisés : extrait de la délibération n° 52 : « (…) le Conseil, sur la proposition de M. Maire, décide l'envoi à chacun des cinquante deux mobilisés de la Commune(***), d'un mandat de cinq francs, à l'occasion de la fête patronale ( …) ». Avec cinq francs on peut acheter en ville, 10 pains de un kg.

◦ Le 30 septembre, le 328e RI va cantonner à Ancemont où il reçoit un jour de vivres de chemin de fer et deux jours de vivres de débarquement.

• 1915 … mois d'octobre …
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◦ Depuis le 25 septembre, la seconde bataille de Champagne a pu repousser le front de 2km au nord de Souain et Perthes-les-Hurlus, « a progression française avait été stoppée au nord du village de Tahure par la deuxième ligne allemande, truffée de blockhaus très efficaces et par de très solides réseaux de barbelés disposés à contre-pente. Pour protéger leur deuxième ligne, les Allemands avaient utilisé un feuillard d’acier méplat hérissé de crocs acérés qu’il était impossible de cisailler. Cachés à la vue des artilleurs, ces redoutables barbelés n’avaient pas été disloqués par les obus ». La IIe armée de Pétain et la IVe Armée de Langle de Cary, soit le quart de l'armée française, sont massées sur les 25km de ce front en Argonne et bloquées sur une ligne qui passe au nord du village de Tahure.

◦ Le 1er octobre, le 328e RI reçoit l'ordre de repartir pour l'Argonne. Louis PINCHON cantonne à Daucourt et Braux-Saint-Rémy. Le régiment doit être prêt à partir pour Tahure au premier ordre.
◦ Le 4 octobre à 19h, les hommes embarquent en camions automobiles sur la route de Daucourt à Sainte-Ménehould. Ils sont le lendemain à Somme-Suippe vers 3h et arrivent à ''Cabane-et-Puits'', au nord de Somme-Suippe vers 5h, où ils cantonnent dans de mauvais abris.
◦ Le 6 octobre à 6h, Louis PINCHON avec les autres picards du 328e RIR, sont rassemblés et chacun reçoit 200 cartouches. De plus il est distribué 1250 grenades par Corps. Le Lieutenant Civade rejoint le Régiment et prend le commandement de la 14e Cie.
◦ Le 9 octobre à 10h, le 328e RI quitte ses emplacements et va s'installer dans les bois à 2 km au nord de Cabane-et-Puits. À 23 h il s'installe dans les anciennes tranchées françaises et allemandes, au nord de Perthes à cheval sur le chemin de Perhes à Tahure. Le Capitaine Hecquet reprend le commandement de la 13e Cie. Depuis le 25 septembre, la seconde offensive de Champagne vient de coûter la perte de 138 500 hommes. Malgré la demande de Pétain, Joffre persiste à poursuivre l'offense; les pertes en hommes n'entameront pas la superbe de Joffre; il obtiendra même le bâton de maréchal.

◦ Les 10 et 11 octobre, Louis PINCHON participe à l'assainissement du champ de bataille en arrière des anciennes tranchées: 70 cadavres allemands et un français sont enterrés par les musiciens et les pionniers du Régiment.
◦ Le 12 octobre, un détachement de travailleurs est fourni par le 5e Btn, sous le commandement du Sous-lieutenant Garanger de la 20e Cie. Entre 11h et 14h, des obus de 210 s'abattent dans les tranchées; le Lieutenant Civade est tué ainsi que trois hommes, treize sont blessés, dont deux par éclatement de grenades transportées sur eux.
◦ Le 15 octobre vers 17h, un bombardement ennemi assez intense tombe sur Perthes avec des obus suffocants.
◦ Le 16 octobre, le 328e RI est au Nord-Est de Tahure entre 21h et 1h30; Louis PINCHON avec le 4e Btn est à droite de la première ligne.
◦ Les 17 et 18 octobre, le secteur est aménagé avec des tranchées de premières lignes disposés en parallèles de départ non reliées en elles, ni avec l'arrière; pas de fils de fer. Le bombardement de Tahure et des arrières se poursuit toute la journée. Le Lieutenant Fillon est grièvement blessé en dirigeant les travaux, malgré le ralentissement du bombardement.
◦ Le 19 octobre, des travaux de terrassement continuent sous les coups de fusils allemands.

◦ Le 20 octobre, le bombardement reprend avec des obus de tous calibres. Le PC du colonel est construit sous la route Souain-Tahure, en face des écuries allemandes. Le front commence à se garnir de réseaux.
◦ Le 22 octobre, le secteur est maintenant aménagé et le lendemain la journée est assez calme; l'ennemi travaille activement à l'aménagement de ses tranchées. Le soir, le 6e Btn relève le 4e Btn sans incident.
◦ Le 24 octobre, un violent échange d'artillerie se déchaine sur Tahure, le versant nord de la Dormoise, les Écuries (?) et le Bois des Canons.
◦ Les 25 et 26 octobre, le bombardement devient intermittent; l'ennemi bombarde le Bois des Canons et le Bois du Paon en dessous de Tahure; un obus tombe sur le PC du Bois du Paon, blessant le Sergent Major Michel de la 21e Cie, ainsi que deux brancardiers.

◦ Le 27 octobre, le secteur du 5e Btn est violemment bombardé par des obus de 105 et 150 qui détériorent la première ligne. Les tirs de contre-batterie demandés ne se déclenchent pas. Vers 19h un obus tombe devant le PC du 5e Btn Marchal, tuant l'adjudant de bataillon Guillaume et un homme de corvée, blessant grièvement le médecin aide-major Jorpe, le sergent major Charrier, le sergent Thomas et le Caporal fourrier Verrier.
◦ Le 28 octobre, le bombardement du 5e Btn par des obus de gros calibre, 105 et 150, est presque continu. Les dégâts matériels sont importants, mais peu de pertes sont à déplorer. La 13e Cie qui était près du PC, relève la 19e Cie en première ligne.
◦ Le 29 octobre, le bombardement allemand se poursuit toute la journée sur tout le secteur avec des obus et minenwerfer.

◦ Le 30 octobre, des indices certains d'attaque sont signalés:on entend le roulement de voitures près des premières lignes, on constate des coupures dans les réseaux. Le bombardement commence à 8h et se poursuit avec une violence croissante.
............. À 15h15, le bombardement avec des obus de gros calibre, et des gaz asphyxiants s'arrête, laissant le passage aux vagues allemandes qui se précipitent pour pénétrer les lignes françaises, essentiellement sur Tahure.
..............À 15h 40, le 328e RI subit de graves pertes, mais il contre-attaque avec les 15e et 16e Cies sur la gauche du régiment, arrêtant l'ennemi sur son flanc et faisant une vingtaine de prisonniers dont l'officier. Au cours de la nuit, le 147e RI contre-attaque à son tour, il rétablit sa ligne et fait 254 prisonniers. Le 4e Btn Laroche est envoyé rapidement sur Tahure pour couvrir le flanc gauche du régiment ; il réussit à rejeter les Allemands dans le ravin de la cote 149.
.............Les commandants Marchal et Guerre sont blessés, la moitié des officiers sont tués ou blessés, la perte de la troupe est énorme, 30%.

◦ Le 31 octobre vers 9h, le bombardement reprend plus terrible et plus meurtrier encore, le tir s'allonge et fait prévoir l'imminence de l'assaut. À 15h l'attaque allemande est déclenchée sur la gauche du 328e RI. Au même moment le 4e Btn sort de ses tranchées et se jette à la rencontre des bataillons bavarois, qu'il culbute et disperse. Les pertes françaises sont lourdes, le chef du 4e Btn le Commandant Laroche est tué. Mais l'ennemi a subit des pertes énormes; épuisé, démoralisé, il regagne ses lignes pour ne plus en sortir. La route Tahure → Somme → Py est dégagée et les Allemands rejetés au-delà de la croupe au Nord. L'ennemi n'attaque plus.

◦ '' Le 328e RI a perdu plus de 65% de son effectif, mais n'a pas cédé un pouce de terrain confié à sa garde, aussi le général Pétain lui accordera-t-il cette magnifique citation à l'Armée (Q.G. 780 IIe Armée, 12 novembre 1915): « sous les ordres de son chef le Lieutenant Colonel VALLIER, pendant les journées des 30 et 31 octobre 1915, soumis à un bombardement d'une violence inouïe par obus de tous calibres et gaz asphyxiants, bombardement qui bouleversa entièrement tranchées et boyaux de communication et abris et qui décima ses effectifs, en butte à des attaques violentes et répétées, menacé sur son flanc gauche, le 328e RI non seulement a maintenu dans son intégralité absolue le front confié à sa garde, mais encore par des contre-attaques remarquables d'entrain et de vigueur, a rétabli la situation compromise à sa gauche et a fait subir à l'ennemi des pertes énormes . Le 328e RI vient d'ajouter une page glorieuse à son historique.» signé Pétain.''

◦ Le 328e RI perd en deux jours 464 hommes dont 10 officiers blessés, 8 officiers tués, hommes de troupe 112 tués, 307 blessés et 127 disparus ...
◦ Parmi les pertes du 4e Btn de ce dimanche 31 octobre 1915, on compte Louis PINCHON qui vient de tomber au champ d'honneur, au combat de Tahure (Marne).
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• Il est déclaré « tué à l'ennemi » par avis officiel du 26 novembre 1915, avec la mention « Mort pour la France ».
• Son acte de décès est transcrit à Fresneaux-Montchevreuil le 18 janvier 1916. n° registre d'état civil:7371435 - 390/391.
• Inhumé à ?.
• nota (*) : Depuis le 18 février 1915, les unités de réservistes n'existent plus, les effectifs des différentes classes sont mélangés, selon l'Ordre général n°36 : « Après six mois de campagne, les unités de réserve ont acquis toute la cohésion qui pouvait leur faire défaut au moment de la mobilisation, elles ont complété leur instruction, en acquérant l'expérience de la guerre et ont donné sur maint champ de bataille, la preuve de leur valeur.
Le général commandant en chef décide que les dénominations de division, brigade, régiment, bataillon, escadron, batterie, compagnie de réserve sont supprimées.
À l'avenir, ces unités seront désignées uniquement par leur numéro. Elles pourront, soi entrer dans la composition des corps d'armée, soit former des groupes provisoires.
Le général commandant en chef est certain que les unités de réserve auront à cœur de se montrer digne de sa confiance, en rivalisant de valeur avec les corps actifs.
Au grand quartier général, le 18 février 1915,
Le général commandant en chef
J.Joffre. »
• nota (**) : la tranchée de Calonne est un chemin forestier qui part au sud-est de Verdun près de l'autoroute de l'Est, pour aller jusqu'à Hattonchatel à environ 20 km plus au sud. Elle porte le numéro RD331.
• nota (***) : on pourrait en déduire que la commune du Mesnil-Théribus a pu mobiliser autour de 70 soldats pendant les quatre ans de guerre, sur une population de 422 habitants au recensement de 1911, soit 19% de la population, alors que la moyenne nationale était de 20%. Les soldats tués ou disparus français représentaient 16% de la population

fin